Comment devient-on Meilleur Dev de France ? Entretien avec Stéphane Le Roy, gagnant de l’édition 2017.

La 5e édition du concours Meilleur Dev de France s’est tenue le 19 septembre dernier à Station F, le plus grand campus de start-up en Europe. Plus de 7 000 personnes y ont assisté, dont 700 codeurs et certaines des plus grandes entreprises du pays. Comme lors des éditions précédentes, les ingénieurs de Criteo étaient là. Et une nouvelle fois, ils ont cassé la barraque !

Cette année, Stéphane Le Roy, Senior Software Engineer dans notre équipe de R & D, s’est imposé en un temps exceptionnel de 23 minutes. Après cette victoire, il nous confie ses projets, et nous livre son secret pour devenir le meilleur développeur de France.

Vous avez été sacré Meilleur Dev de France : qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Je suis bien évidemment fier d’avoir gagné, mais ce type de concours se concentre uniquement sur une poignée de compétences techniques, notamment le codage et la résolution de problèmes. Or, pour être un bon développeur, il faut également une bonne dose de compétences non-techniques, telles que la communication et le travail en équipe. En réalité, je suis loin d’être le meilleur développeur de France. Peut-être juste le meilleur de mon quartier, comme le montre mon T-shirt.

Meilleur dev du quartier

Nous avons appris que les développeurs participant au concours peuvent coder dans n’importe quel langage, ce qui est une bonne nouvelle ! Qu’avez-vous choisi, et pourquoi ?

Au travail, j’utilise surtout Scala et parfois C# ou Python. Pour les compétitions, je préfère C++ pour sa rapidité et sa concision. En plus, sa bibliothèque standard est dotée de nombreuses fonctionnalités utiles pour les algorithmes. Mais c’est avant tout le langage que je connais le mieux et, lors d’un tel concours de rapidité, vous n’avez pas le temps de faire des recherches sur stackoverflow.com.

Quel a été votre moment préféré de la compétition ? Racontez-nous !

J’en ai deux, à vrai dire. Après avoir résolu la dernière question lors de la finale, j’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé que les autres concurrents étaient toujours penchés sur leurs problèmes. Quelques minutes plus tard, j’ai remarqué que Lowik Chanussot, un autre finaliste de Criteo, avait également terminé. Nous avons alors pu profiter des 45 dernières minutes de la compétition pour nous détendre un peu et savourer notre victoire en silence, alors que les autres continuaient de se creuser la tête.

Je garde également un très bon souvenir de mon retour à la maison, alors que j’ai dû prendre le métro en portant cet immense chèque, presque aussi grand que moi, une situation plutôt inhabituelle. Heureusement que le vrai prend beaucoup moins de place !

Vous avez déjà participé au concours l’an dernier, il me semble. Pourquoi avez-vous choisi de revenir cette année et en quoi cette édition était-elle différente ?

En effet. L’année dernière, plusieurs participants n’ont pas réussi à se connecter au réseau Wi-Fi de la salle. Heureusement pour moi, je n’ai pas rencontré ce problème et j’ai terminé à la 4e place. J’étais certes content de mon résultat, mais en même temps frustré de terminer au pied du podium. Cette année, j’ai donc visé la 1re place, même si la victoire me semblait peu probable. Car dans ce genre de concours, vous êtes à la merci du moindre imprévu : un léger bug, une compréhension erronée de l’énoncé, un problème technique, une mauvaise gestion du temps, une mauvaise évaluation de la complexité d’un algorithme…

Je me suis longuement préparé à la compétition, en participant à plusieurs sessions de formation organisées par Criteo et en m’entraînant à implémenter des algorithmes classiques, comme ceux de flot maximum ou de couplage de graphe biparti, par exemple.

Vos bonnes performances lors du concours sont-elles liées à votre travail quotidien chez Criteo ?

Chez Criteo, mon équipe et moi travaillons sur des algorithmes distribués pour des graphes sur Spark/Hadoop et, comme d’autres équipes, nous devons gérer chaque jour une grande quantité de données. Nous sommes donc constamment à la recherche d’algorithmes optimisés. C’est peut-être en effet grâce à ces habitudes que presque un membre de Criteo sur deux s’est qualifié pour la finale du Meilleur Dev de France !

Comment pourrait-on obtenir un podium « 100 % Criteo » ?

Je connais des codeurs vraiment doués chez Criteo. Ils n’ont pas pu participer au concours cette année, mais ils pourraient sans aucun doute atteindre les premières places l’année prochaine !

Photo : www.meilleurdevdefrance.com

Tout le monde se pose la même question : comment allez-vous dépenser les 10 000 euros de récompense ?

Pour être honnête, je n’en sais rien pour le moment. Mais peut-être avez-vous des suggestions ?

Croyez-moi, j’aurais bien quelques idées à vous proposer ! Dites-nous tout, quelle est la prochaine étape ?

Vous me verrez bien entendu à la prochaine édition du Meilleur Dev de France ! Je pense également participer à d’autres concours, tels que les marathons Topcoder. Il s’agit de compétitions plus longues, axées sur l’optimisation autour d’un seul problème.

Si vous aviez une baguette magique, changeriez-vous quelque chose dans le monde des développeurs ?

J’exerce ce métier depuis 10 ans, et je n’ai pas vraiment constaté d’évolution… La situation est peut-être même pire de nos jours. Trop peu de femmes s’intéressent à l’univers informatique, pour de mauvaises raisons généralement : les stéréotypes ont la vie dure.

Voilà ce que je changerais.

Je vous remercie de votre temps et vous souhaite le meilleur pour la suite. 

Interview par :

Ibrahim Abubakari